Deux ans après la première enquête initiée par l’Observatoire des pratiques de l’Usep, 881 associations d’école ont répondu entre décembre 2019 et janvier 2020 à une batterie de questions. Y retrouverez-vous vos propres réalités de terrain ?
Michel Lacroix1, quelle comparaison peut-on établir entre cette enquête 2020 et la précédente ?
Les associations ont été un peu moins nombreuses à répondre (881 contre 1245), mais cet échantillon d’une association sur dix reste suffisamment représentatif. Ensuite, il ne fallait pas s’attendre à de grandes évolutions en l’espace de deux ans, notamment parce qu’il faut du temps pour que les impulsions données par le national se traduisent au niveau des associations.
Quels sont les chiffres les plus significatifs ?
Le nombre de rencontres que vivent les enfants : 64 % participent à 3 rencontres ou plus, ce qui traduit une programmation sur l’année scolaire et laisse supposer un projet associatif. 76 % des associations ayant répondu à l’enquête respectent également d’ores et déjà le principe « une école, une association », réaffirmé lors de l’assemblée générale de Pau l’an passé : un pourcentage que l’on espère voir augmenter dans les années à venir.
Par ailleurs, dans 65 % des cas l’Usep est présente dans le projet d’école, même si seulement 34 % des associations développent un projet spécifique dans le cadre de celui-ci : ce chiffre peut paraître décevant, mais pour l’interpréter il faut tenir compte des impératifs locaux concernant la rédaction du projet d’école.
Enfin, concernant l’organisation en secteurs Usep, effective dans 7 départements sur 10, 47 % des associations d’école savent qu’elles sont « pilotées » par une association de coordination, mais 26 % déclarent que le pilotage des secteurs est informel et 27 % ne savent pas si elles dépendent d’un secteur, ce qui suscite quelques interrogations et montre que la structuration juridique de ces secteurs reste à développer.
Le glissement du hors temps scolaire vers le temps scolaire s’est-il poursuivi ?
Seulement 31 % des associations déclarent faire uniquement du temps scolaire, ce qui signifie que près des trois quarts d’entre elles ont gardé un pied hors temps scolaire, ne serait-ce qu’à travers une rencontre annuelle. Au prochain comité directeur de s’appuyer sur cet existant pour encourager cette pratique hors temps scolaire.
L’enquête précédente pointait la méconnaissance, par les associations, des outils pédagogiques produits par l’Usep nationale : cela s’est-il amélioré ?
Pas de façon très nette. En revanche, ces outils sont davantage utilisés. Parmi les 25 outils mentionnés dans l’enquête, plus de la moitié des associations connaissent la mallette handicap, le parcours éducatif de santé, le guide de la rencontre sportive, le document d’accompagnement du P’tit Tour Usep et celui des jeux d’opposition en maternelle. Il apparaît donc que les outils les mieux connus sont ceux venant en appui des opérations nationales : il faut continuer dans cette voie.
Quelles sont les autres tendances ?
Le principal sujet de satisfaction est la prise en compte de l’inclusion dans les rencontres : 57 % des associations comptant dans leurs rangs des enfants à besoins particuliers ont travaillé en amont des rencontres pour faciliter leur participation.
Concernant les « éducation à », si le thème de l’alimentation reste très présent dans l’éducation à la santé, on a évolué du thème archi-rebattu de l’alimentation vers les bienfaits de l’activité physique, c’est-à-dire vers une prise en compte plus générale de la problématique de la santé, davantage en lien avec nos pratiques. L’éducation à la sécurité reste très liée au P’tit Tour, et l’éducation au développement durable au tri des déchets, mais avec de plus en plus de pique-nique zéro déchets (56% de citations). Et dans la perspective de Paris 2024, 40 % des associations mènent des actions en lien avec les JO et les valeurs de l’olympisme.
Et concernant l’appropriation de la rencontre sportive et associative Usep ?
Les réponses des 351 associations qui ont pris la peine de proposer une définition s’articulent autour de 3 points : pratique complémentaire de l’EPS, projet conçu par l’enfant et pour l’enfant, au sein de l’association Usep pour au moins deux classes. Et, surtout, 94 % des associations affirment que leurs rencontres sont « souvent » ou « toujours » accessibles à tous : quel chemin parcouru !
Autre motif de satisfaction, la place de l’enfant dans la rencontre : « à un moment donné de l’année », 55 % des enfants animent des ateliers lors des rencontres, 47 % contribuent à leur organisation, et 30 % à leur conception. En revanche, seulement un tiers des associations s’estiment suffisamment outillées pour mettre en place la vie associative. Les autres réclament pour cela des moyens humains et du temps.
Et la place des parents ?
Dans 48 % des associations, d’autres adultes que les enseignants participent à faire vivre l’association. On peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein, c’est selon… En tout cas, c’est là aussi l’un des enseignements d’une enquête qui permettra de guider l’action du prochain comité directeur.
(1) Michel Lacroix est secrétaire national de l’Usep, en charge de l’Observatoire des pratiques, de l’évaluation et de la prospective.